Pourquoi il est essentiel de prévenir les grossesses non planifiées
- L’amélioration de la santé sexuelle et reproductive des adolescentes, y compris la prévention des grossesses non planifiées, est essentielle à leur bien-être socioéconomique.
- Les complications de la grossesse et de l’accouchement restent une cause majeure de mortalité et de maladie évitables chez les femmes de 15 à 19 ans des régions en développement1.
- Les premiers accouchements à l’adolescence sont la cause d’une part disproportionnée des cas de fistule obstétricale, condition débilitante résultant d’un travail prolongé avec obstruction1.
- La maternité à l’adolescence est associée à une scolarité écourtée des jeunes mères et peut perpétuer le cycle de la pauvreté de génération en génération1.
- Près de la moitié des grossesses d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans en Afrique subsaharienne ne sont pas planifiées1 et près de la moitié d’entre elles aboutissent sur un avortement2–5. Près de quatre cinquièmes de ces avortements ne sont pas médicalisés.
Besoin de contraception des adolescentes
- Parmi les 53 millions de femmes âgées de 15 à 19 ans en Afrique subsaharienne, 23% (12,1 millions) présentent un besoin de contraception parce qu’elles sont mariées ou célibataires et sexuellement actives et qu’elles ne désirent pas avoir d’enfant avant au moins deux ans.
- Parmi ces 12,1 millions d’adolescentes, 38% (4,6 millions) pratiquent la contraception moderne. La méthode la plus courante est le préservatif masculin (utilisé par environ quatre utilisatrices sur 10), suivi des contraceptifs injectables et de la pilule.
- Les 62% restants (7,5 millions) ne pratiquent pas de méthode moderne. Ces adolescentes présentent un besoin non satisfait de contraception moderne. Parmi elles, 87% ne pratiquent aucune méthode du tout; les autres ont recours aux méthodes traditionnelles, moins efficaces que les méthodes modernes.
- Les adolescentes plus jeunes, de 15 à 17 ans, présentent généralement un plus grand besoin non satisfait que leurs aînées de 18 et 19 ans1.
- Le besoin non satisfait de contraception est supérieur parmi les adolescentes mariées âgées de 15 à 19 ans (68%), par rapport à leurs homologues célibataires sexuellement actives (59%).
- Parmi les sous-régions d’Afrique subsaharienne, le besoin non satisfait est le plus grand en Afrique centrale, où 73% des adolescentes sexuellement actives qui désirent éviter une grossesse ne pratiquent pas la contraception moderne. En Afrique australe, cette proportion est de 32%.
- Les raisons souvent invoquées par les jeunes Africaines pour expliquer leur absence contraceptive alors même qu’elles désirent éviter une grossesse sont: les préoccupations relatives aux effets secondaires, l’activité sexuelle peu fréquente, le fait de n’être pas mariée, l’allaitement ou l’absence de règles après une naissance, ou l’opposition personnelle, du partenaire ou d’autres à la contraception6.
Coût de la réponse au besoin de contraception
- D’après les estimations calculées en 2017, le coût annuel de la prestation de services de contraception aux 4,6 millions de femmes âgées de 15 à 19 ans qui pratiquent une méthode moderne en Afrique subsaharienne s’élève à 58 millions de US$, soit, en moyenne annuelle, 13 US$ par utilisatrice.
- Les frais de service comprennent les coûts directs représentés par les contraceptifs, les fournitures accessoires et le salaire des agents de santé, ainsi que les coûts indirects représentés par les fonctions de gestion, la construction et l’entretien des établissements et les activités d’information et de sensibilisation, entre autres types de support programmatique.
- L’amélioration des services offerts aux 4,6 millions d’adolescentes qui pratiquent actuellement la contraception moderne ferait passer les coûts de 58 millions à 183 millions de US$. Cette amélioration se traduirait par exemple par un meilleur conseil et suivi de la contraception, la disponibilité constante d’une gamme de méthodes modernes et la formation des prestataires à la prise en charge des adolescentes.
- Si les 7,5 millions d’adolescentes présentant un besoin non satisfait utilisaient le même éventail de méthodes modernes que les utilisatrices actuelles et bénéficiaient de services améliorés, les coûts totaux imputables aux utilisatrices actuelles et nouvelles s’élèveraient à 426 millions de US$ par an.
- L’élargissement de services de contraception améliorés à la totalité des 12,1 millions de femmes qui en ont besoin représenterait un coût annuel de 35 US$ par utilisatrice. Autrement dit, le coût annuel par habitant, en Afrique subsaharienne, serait de 0,42 dollar. Une grosse partie de l’augmentation des coûts tient à l’amélioration des systèmes de santé qui soutiennent les services de contraception.
Avantages de la réponse à la totalité du besoin de contraception
- L’usage accru de la contraception moderne par les adolescentes désireuses d’éviter une grossesse permettrait d’éviter celles non planifiées, de sauver des vies et d’améliorer la santé.
- Si toutes les adolescentes en mal de contraception moderne la pratiquaient, le nombre de grossesses non planifiées diminuerait de 2,6 millions par an (69%) et le total des grossesses baisserait, de 8,1 millions à 5,5 millions par an. Cela représenterait 1,2 million de naissances non planifiées en moins, 1,1 million d’avortements en moins (pratiqués, pour près des quatre cinquièmes, dans des conditions non médicalisées) et 338 000 fausses couches et mortinaissances résultant de grossesses non planifiées en moins.
- Les décès maternels — résultant de complications de la grossesse et de l’accouchement — parmi les femmes de 15 à 19 ans diminueraient, du niveau actuel de 18 600 par an7 à 14 500.
Recommandations
- La réponse aux besoins de contraception des adolescentes exige l’adoption de politiques et de pratiques qui mettent fin aux mariages précoces, préviennent la violence et la contrainte sexuelles, favorisent la scolarisation des filles, autonomisent les filles et les femmes et assurent une éducation complète en matière de sexualité et des services de contraception de haute qualité.
- En encourageant la scolarisation des filles, on renforce leur aptitude à prendre des décisions autonomes. Les études montrent que les adolescentes sexuellement actives qui fréquentent l’école sont plus susceptibles que leurs homologues non scolarisées de pratiquer la contraception1.
- Impliquer les jeunes hommes dans les programmes de santé sexuelle et reproductive peut favoriser l’avènement d’attitudes de genre plus équitables.
- Les adolescentes doivent avoir accès à une information médicalement correcte et complète sur la santé sexuelle et reproductive avant de devenir sexuellement actives. Cette information doit être adaptée à leur âge, à leur niveau de développement et à leur culture. Des politiques et des programmes, y compris d’éducation complète en matière de sexualité, doivent être mis en place pour répondre à ce besoin.
- Les approches les plus efficaces de la prestation de services de santé sexuelle et reproductive aux jeunes impliquent une combinaison de: formation des agents de santé, amélioration des établissements axée sur l’accueil des adolescentes et la protection de leur vie privée, et diffusion de l’information dans les écoles, les communautés et les médias1.
- Toutes les adolescentes doivent recevoir une information correcte concernant les risques de grossesse, les choix de méthodes contraceptives possibles et leurs effets secondaires éventuels, et elles doivent bénéficier d’un soutien approprié lorsqu’elles désirent changer de méthode.
- Les services de contraception doivent être assurés selon une approche qui protège les droits des jeunes femmes à un choix de méthode volontaire, éclairé et confidentiel.