Contexte: Les chercheurs supposent depuis longtemps que, lorsqu'un intervieweur et une participante à l'enquête se connaissent, la validité des réponses diminue, surtout en ce qui concerne les comportements sensibles tels que l'avortement. Il n'existe cependant guère de données empiriques sur la question.
Méthodes: Les données relatives à 6,041 femmes de 15 à 49 ans et 133 intervieweurs ayant participé au second cycle (2017) de l'étude Performance Monitoring and Accountability 2020 au Rajasthan (Inde) ont servi à examiner ce qui se passe, concernant la déclaration par la femme d'un avortement provoqué, quand l'intervieweur et la répondante se connaissent et qu'elle a participé au cycle précédent de l'enquête. Les associations ont été identifiées au moyen de modèles multivariés et multiniveaux, sous correction des caractéristiques de la répondante, de l'intervieweur et de la communauté et avec effets aléatoires concernant l'intervieweur.
Résultats: En moyenne, les intervieweurs ont interrogé 41 répondantes du groupe qui leur a été affecté; ils ont déclaré connaître 61% des répondantes et ont indiqué que 13% d'entre elles avaient participé au cycle précédent de l'étude. Quatre pour cent des femmes ont déclaré s'être fait avorter. Ni le fait que l'intervieweur et la répondante se connaissent, ni la participation au cycle précédent de l'étude ne s'est révélé associé à la déclaration d'un avortement dans aucun des modèles multivariés, pas plus que dans les analyses de sensibilité complémentaires.
Conclusions: Les résultats ne confirment pas l'hypothèse d'une déclaration moindre des comportements sensibles tels que l'avortement de la part des répondantes qui connaissent les intervieweurs ou le processus d'enquête. Les études futures devront approfondir l'examen de ces éléments de conception, ainsi que d'autres, pour identifier ceux qui produisent une amélioration statistiquement significative de la déclaration de l'avortement et d'autres comportements sensibles.