Contexte: La médicalisation de l'excision (c'est-à-dire sa pratique par un professionnel de la santé) est en hausse depuis quelques années en Égypte. La relation entre la position sociale d'une femme et la décision de recourir, pour l'excision, à un professionnel de la santé qualifié n'est pas bien comprise.
Méthodes: Les données des Enquêtes démographiques et de santé égyptiennes de 2005, 2008 et 2014, concernant 11,455 femmes dont la fille avait subi l'excision, ont permis d'examiner les rapports entre la position sociale de la mère et la médicalisation de la procédure. Des modèles de régression logistique ont servi à identifier les associations entre les mesures de position sociale et la décision de s'adresser pour l'excision à un prestataire qualifié.
Résultats: Soixante-dix-neuf pour cent des femmes avaient fait exciser leur fille par un professionnel de la santé qualifié. Les chances de médicalisation étaient supérieures parmi les femmes instruites au niveau primaire (RC, 1,2) ou au niveau secondaire ou supérieur (1,8) par rapport à celles non instruites; parmi celles dont le ménage était mieux loti par rapport à celles vivant dans les ménages les plus pauvres (1,4–2,6); et parmi celles qui participaient à la prise de décision concernant les achats importants du ménage par rapport à celles non incluses dans cette décision (1,2). De plus, l'emploi rémunéré et l'importance de la différence d’âge entre les femmes et leur mari présentaient une association négative avec la médicalisation (0,99 et 0,9, respectivement).
Conclusions: La position sociale d'une femme en Égypte est associée à la médicalisation de l'excision de sa fille. Il convient d'examiner plus avant la signification sociale attribuée à l'excision médicalisée, dans le but potentiel d’éclairer les campagnes aptes à réduire la prévalence de la procédure.