Contexte: L'avortement non médicalisé est courant à Kinshasa, où il contribue à des taux élevés de morbidité et de mortalité maternelles. Les complications vécues et le traitement reçu par les femmes qui cherchent à se faire soigner après un avortement dans les établissements de santé de la ville ne sont guère documentés.
Méthodes: Les données relatives à 867 femmes admises dans un échantillon d’établissements de santé offrant des soins après avortement à Kinshasa en 2016 ont été extraites d'une enquête prospective de morbidité. Une mesure de gravité des complications après avortement a été élaborée sur la base de l'information obtenue auprès de ces femmes et de leur principal prestataire de soins. Les associations entre les caractéristiques des patientes ayant reçu des soins après avortement et la gravité des complications ont été examinées par analyses de régression logistique ordonnées généralisées.
Résultats: Près de trois quarts (72%) des patientes ont été classées comme ayant certainement subi un avortement provoqué et 16% de plus en avaient probablement subi un. Seize pour cent des patientes soignées après avortement avaient eu des complications graves, 46% des complications de gravité moyenne et 33% de légères complications; 5% ne présentaient aucun signe de complications. La gravité des complications était associée à certaines caractéristiques des patientes. Par exemple, les patientes pauvres et celles qui n'avaient jamais été mariées avaient plus probablement eu des complications graves ou moyennement graves que légères ou nulles (RC, 1,8–1,9). Les complications des patientes avaient été le plus souvent traitées selon des méthodes dépassées, comme la dilatation et le curetage et le curetage digital (49% et 23%, respectivement); 11% seulement avaient reçu un traitement médicamenteux contre la douleur.
Conclusions: Des politiques et des programmes de promotion de la pratique contraceptive et de l'avortement légal sans risques sont nécessaires à Kinshasa pour réduire le recours des femmes à l'avortement non médicalisé. La prestation de soins après avortement de meilleure qualité est également requise, dont les méthodes recommandées par l'Organisation mondiale de la Santé.