Contexte
La fécondité en multipartenariat (avoir des enfants avec plus d'un ou d'une partenaire) représente un sujet important de la recherche démographique. On en sait cependant peu sur son incidence et ses corrélats dans les contextes à faible revenu, où les taux sont peut-être élevés du fait de la pauvreté, de l'instabilité des unions et de la parentalité précoce.
Méthodes
Les données du 2011–2012 Encuesta Nicaragüense de Demografía y Salud ont servi à calculer la prévalence de la fécondité en multipartenariat parmi 8 320 mères et 2 141 pères d'au moins deux enfants. Les caractéristiques individuelles et familiales associées à cette fécondité ont été identifiées par régression logistique et multinomiale.
Résultats
Parmi les mères et pères de plusieurs enfants, 33% des mères et 41% des pères avaient eu leurs enfants avec plus d'un ou d'une partenaire. La prévalence de la fécondité en multipartenariat s'est avérée élevée parmi les femmes moins instruites, les hommes non religieux et les femmes et hommes qui avaient grandi en milieu urbain (RC, 1,3–1,6). La fécondité en multipartenariat est associée à une moindre richesse actuelle du ménage chez les mères; à un risque accru de monoparentalité et à une fécondité supérieure chez les mères comme chez les pères. Les pères qui avaient eu plusieurs partenaires de fécondité se sont révélés six fois plus susceptibles que ceux qui n'en avaient qu'une de déclarer ne pas apporter d'assistance financière ou ne pas avoir donné leur nom de famille à au moins un de leurs enfants biologiques.
Conclusion
La fécondité en multipartenariat est un phénomène démographique et social critique susceptible de contribuer, tout en les reflétant, à d'importantes inégalités de genre et de structure familiale au Nicaragua. Les mères d'enfants conçus avec plusieurs partenaires peuvent courir un risque particulièrement élevé d'avoir à élever ces enfants sans leur père et sans grande assistance économique.