Au Rwanda, le traitement des complications de l’avortement non médicalisé épuise de faibles ressources de santé

Un plus grand investissement doit être consenti à la contraception pour réduire le nombre de grossesses non planifiées

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En 2012, environ 18.000 Rwandaises ont dû être soignées du fait de complications d'un avortement non médicalisé, à un coût estimé à 1,7 million de dollars. Telle est la conclusion d'une nouvelle étude, « The Health System Cost of Post-Abortion Care in Rwanda » (Le coût des soins après avortement sur le système de santé au Rwanda), réalisée par les chercheurs de Guttmacher Institute, de University of Rwanda/College of Medicine and Health Sciences/School of Public Health et du Ministère Rwandais de la Santé. Le coût du traitement des complications de l’avortement non médicalisé représente approximativement 11% du total des dépenses publiques consacrées à la santé reproductive: une ponction considérable sur les ressources de santé précaires du pays.

La plupart des coûts encourus l'ont été dans les centres de santé (705.000 dollars), suivis des hôpitaux de district (519.000 dollars) puis des hôpitaux de référence nationaux (235.000 dollars). Ces montants estimés couvrent à la fois les coûts directs liés aux médicaments, fournitures, tests, personnel médicalet frais d'hospitalisation et les coûts indirects relatifs aux frais généraux et dépenses d'investissement. Les conclusions de l'étude reposent sur les données collectées en avril et mai 2012 auprès de 39 établissements de santé publics et privés représentatifs au niveau national.

Les chercheurs ont calculé le coût moyen du traitement d'une femme atteinte de complications à environ 93 dollars (62.000 Frw), soit un montant considérablement supérieur à celui de l'approvisionnement annuel d'une femme en méthodes contraceptives modernes. Le Rwanda ne dispose pas de données récentes sur le coût des services de planification familiale. Si l'on considère cependant un coût similaire à celui des pays voisins (environ 30 dollars ou 20.000 Frw par utilisatrice), chaque franc consenti à la planification familiale pourrait épargner au système de santé plus de trois francs en coûts de soins après avortement évité.

La majorité des femmes ont été traitées pour avortement incomplet (75%); de plus faibles proportions concernent des complications plus graves telles que la septicémie (13%) et le choc (9%). D'après les résultats d'une étude menée en 2012, environ un tiers des femmes atteintes de complications post-avortement requérant traitement n'ont pas obtenu les soins nécessaires dans un établissement de santé.

Comme le déclare Michael Vlassoff, premier auteur de l'étude: « L'avortement non médicalisé représente une menace sérieuse pour la santé et la vie des femmes au Rwanda. Il impose aussi une charge considérable et inutile au système de soins de santé rwandais. La grande majorité de ces avortements pourrait être évitée par simple prévention d’unegrossesse non planifiée, cause fondamentale de la plupart des Interruptions Volontaires des Grossesses. Les services de planification familiale doivent être étendus pour donner à toutes les Rwandaises la possibilité de planifier leurs grossesses. »

Malgré les progrès impressionnants réalisés au Rwanda au niveau de la proportion des femmes mariées qui utilisent la contraception moderne, on estime encore que 47% des grossesses étaient non planifiées dans le pays en 2012. L'étude montre qu'augmenter l’investissement en services de planification familiale dans le but de réduire les grossesses non planifiées, améliorerait non seulement la santé des femmes mais réduirait considérablement les dépenses en soins après avortement.

« Les résultats de cette étude sont très informatifs et seront utilisés pour continuer les efforts du Gouvernement dans l’amélioration de la santé maternelle au Rwanda, déclare Le Directeur de la santé maternelle et infantile au Ministère de la santé, le Dr Fidèle Ngabo . «Jusque récemment, l’avortement n’était légalement permis au Rwanda que si deux médecins certifiaient que l’avortement était nécessaire pour sauver la vie de la femme enceinte ou préserver sa santé. Mais, la révision de la loi sur l’avortement au Rwanda en Mai 2012 a élargi la base juridique de l’avortement pour inclure l’avortement en cas de malformations fœtales, de viol, d’inceste ou de mariage forcé. Le pays a donc déjà commencé à s’attaquer à ce problème. De plus, le Ministère de la santé est également en train d’étendre l’offre des soins après avortement à tous les cas d’avortements et d’améliorer l’accès à la contraception moderne. »

« The Health system cost of Post-abortion Care in Rwanda » (Le coût des soins après avortement sur le système de santé au Rwanda) est accessible en ligne sur Health Policy and Planning.

Infos complémentaires:

L'avortement au Rwanda (également disponible en anglais et en kinyarwanda)

Grossesse non désirée et avortement provoqué au Rwanda: Causes et conséquences (également disponible en anglais)


Source URL: https://www.guttmacher.org/news-release/2014/au-rwanda-le-traitement-des-complications-de-lavortement-non-medicalise-epuise-de