Contexte
En Inde, de nombreux couples ne pratiquent jamais de méthode réversible apte à différer ou espacer leurs naissances; ils recourent plutôt à la stérilisation comme seule et unique méthode. Il existe peu de données sur les facteurs qui distinguent les couples stérilisés ayant eu recours aux méthodes d'espacement et ceux ayant directement choisi une méthode permanente.
Méthodes: Les données relatives à 2.029 femmes mariées protégées par la stérilisation ont été extraites de la partie de l'enquête nationale sur la santé de la famille (Indian National Family Health Survey) menée en 1992-1993 dans l'état de Kerala. Les techniques de régression logistique multivariée sont utilisées pour évaluer les caractéristiques socioéconomiques, démographiques et comportementales qui déterminent le recours antérieur à une méthode temporaire parmi les couples stérilisés.
Résultats: Après contrôle de toutes les variables significatives, l'accès à un niveau d'instruction plus élevé (par l'un ou l'autre des partenaires) accroît de manière indépendante la probabilité du recours antérieur à une méthode de recul ou d'espacement des naissances, de même qu'un rang socioénomique plus élevé. Cette probabilité se révèle également significativement supérieure parmi les répondants ayant vécu un avortement, parmi ceux stérilisés dans un établissement du secteur privé et parmi ceux âgés de plus de 25 ans au moment de la stérilisation de l'un des partenaires. L'intervalle médian entre les premier et deuxième enfants nés de couples stérilisés qui avaient jamais pratiqué de méthode réversible était plus long qu'entre les enfants nés de couples passés directement à la stérilisation (32 par rapport à 26 mois).
Conclusions: Une campagne de sensibilisation de la population pourrait accroître en Inde la prévalence des méthodes temporaires et leur efficacité. Une approche axée sur le choix et l'offre de prestations dans le cadre de soins de haute qualité permettrait d'accroître davantage la pratique des méthodes d'espacement des naissances.