Contexte: En 2017, le Chili a réformé sa législation de l’avortement, autorisant l’intervention dans des circonstances limitées. L’étude de l’opinion du corps professoral des facultés de médecine et des écoles de sages-femmes concernant l’avortement et le recours à l’objection de conscience (OC) au moment de la réforme peut éclairer la manière dont ces sujets sont enseignés aux futurs prestataires de soins de santé du pays.
Méthodes: Entre mars et septembre 2017, 30 professeurs et enseignants de facultés et écoles de médecine et de sages-femmes à Santiago (Chili) ont été interviewés; 20 enseignaient dans des universités laïques et 10, dans des universités de confession religieuse. Leurs points de vue sur l’OC et l’avortement, la portée de l’OC et l’enseignement relatif à l’OC et à l’avortement ont été analysés selon l’approche de la théorie ancrée.
Résultats: Pour la plupart, le corps professoral des universités laïques et de confession religieuse reconnaissait le droit des cliniciens à refuser la prestation de soins d’avortement. Les professeurs d’universités laïques estimaient généralement que l’OC devrait être limitée à certains prestataires spécifiques et rejetaient la notion de l’OC institutionnelle, alors que ceux des facultés et écoles de confession religieuse soutenaient fermement le recours à l’OC par un large éventail de prestataires et au niveau institutionnel. Seul le corps professoral laïc souscrivait à l’idée que l’OC doit être réglementée de manière à ne pas entraver l’accès aux soins d’avortement.
Conclusions: Le soutien plus large de l’OC à l’avortement parmi le corps professoral d’universités de confession religieuse soulève des questions quant à savoir si les étudiants sont sensibilisés à leur responsabilité éthique de faire passer les besoins de leurs patientes avant les leurs. La recherche future devra surveiller si la réglementation et la pratique de l’OC au Chili garantissent l’accès aux soins d’avortement.