Contexte: L'avortement non médicalisé est courant au Sénégal, mais les soins après avortement (SAA) ne sont pas accessibles à certaines femmes qui en ont besoin et le coût de la prestation de ces soins, au niveau du système de santé, est inconnu.
Méthodes: Le coût pour le système sanitaire sénégalais de la prestation de SAA en 2016 — aux niveaux existants et si l'accès était hypothétiquement élargi — a été estimé selon l'approche ascendante par élément PACCM (Post-Abortion Care Costing Methodology). De septembre 2016 à janvier 2017, des entretiens en personne ont été menés avec des prestataires de SAA et des administrateurs d'établissement dans un échantillon national de 41 structures de santé, dans le but de collecter des données sur les coûts directs et indirects de la prestation de soins, ainsi que sur les frais imposés aux femmes. La précision des résultats a été examinée par analyse de sensibilité.
Résultats: Au total, 1 642 femmes avaient reçu des SAA dans les structures soumises à l'étude en 2016, ce qui équivaudrait à 18 806 femmes à l'échelle nationale. Presque tous les services étaient fournis dans des structures publiques. Le coût moyen par patiente dans les structures de l'étude était de 26,68 dollars américains. À l'échelle nationale, ce coût était estimé à 24,72 dollars. Le coût national total estimé de la prestation de SAA aux niveaux existants a été calculé à 464 928 dollars. Les coûts directs représentent plus de trois quarts de ce montant. Les frais imposés aux patientes de SAA s'élevaient à 20% de la totalité des coûts encourus. Si la prestation de services avait été étendue pour satisfaire à la totalité des besoins de SAA, les coûts totaux estimés, pour le système de santé, auraient atteint 804 518 dollars.
Conclusion: Les coûts annuels des SAA sont considérables au Sénégal. Un investissement accru dans l'assurance de l'accès à la contraception permettrait de faire baisser ces coûts par réduction du nombre de grossesses non planifiées qui mènent souvent à un avortement non médicalisé.