Contexte: La recherche sur l'accouchement médicalisé en Afrique subsaharienne se concentre généralement sur la disponibilité et l'accessibilité de structures sanitaires. Les facteurs culturels, y compris la religion, qui peuvent faciliter ou entraver le recours à ces services ne sont guère examinés et restent mal compris.
Méthodes: Le rapport entre l'affiliation religieuse et l'accouchement en établissement de santé a été étudié sur la base des données d'une enquête de ménages concernant 1 297 femmes âgées de 18 à 50 ans et d'un recensement de 825 congrégations religieuses, menés tous deux dans un district principalement chrétien du Mozambique en 2008. Des analyses de régression logistique multiniveaux ont été effectuées pour prédire la probabilité d'un accouchement récent en milieu médicalisé en fonction de l'affiliation religieuse individuelle et de la concentration de congrégations religieuses de certaines confessions dans la communauté de résidence.
Résultats: Environ 63% des accouchements avaient eu lieu en structure sanitaire. La probabilité de ces accouchements était moindre parmi les femmes membres d‘Églises apostoliques (RC, 0,5) ou sans affiliation religieuse (0,6), par rapport aux membres de l‘Église catholique ou des Églises protestantes traditionnelles, après correction d'autres facteurs. De plus, indépendamment de la religion de la femme, la probabilité qu'elle ait accouché en milieu médicalisé augmentait de 9% par congrégation catholique ou protestante traditionnelle dénombrée dans sa communauté de résidence (1,1).
Conclusions: La religion organisée peut affecter d'importants résultats de santé au Mozambique et, potentiellement, dans d'autres contextes d'Afrique subsaharienne. Les décideurs politiques doivent envisager la conception de programmes et d'interventions qui favorisent le recours aux services d'accouchement médicalisé parmi les membres des groupes religieux caractérisés par un faible recours à ces services et dans les zones où ces groupes ont une forte présence.