Contexte: L'avortement médicamenteux a le potentiel de transformer la prestation des soins d'avortement sans risques dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Il ne requiert du reste qu'un minimum de compétences cliniques et d'équipement. Au Népal, l'avortement provoqué au premier trimestre par la prise de mifépristone et de misoprostol est légalement accessible dans les structures de santé agréées par l'État. Le point de vue des employés de pharmacie concernant la prestation en pharmacie n'est cependant guère documenté.
Méthodes: Des entretiens en profondeur ont été menés en 2015 avec 19 propriétaires de pharmacie et sages-femmes auxiliaires dans deux districts du Népal, afin d'examiner l'opinion des répondants sur l'avortement médicamenteux et sur la possibilité de la prestation légale de l'avortement médicamenteux en pharmacie. Deux codeurs ont examiné indépendamment la transcription de ces entretiens, assurant leur codage et leur analyse selon une approche thématique.
Résultats: Les participants étaient sûrs de pouvoir offrir l'avortement médicamenteux sans risques et estimaient combler un créneau important de services abordables, pratiques et confidentiels aux femmes de leurs communautés. Ils percevaient les avantages de l'intégration des pharmacies dans les réseaux de l'avortement légal au Népal, comme l'amélioration de l'accès à l'avortement médicamenteux et une plus grande protection de la vie privée. Les participants estimaient aussi que la qualité de leurs soins pourrait être améliorée par une formation permanente des prestataires rattachés aux pharmacies et par l'insertion formelle de ces prestataires dans les réseaux existants de prestation de l'avortement, pour simplifier les orientations et renvois.
Conclusions: L'intégration des pharmacies au système de prestation de l'avortement légal pourrait faciliter la réglementation et la formation. La prise en compte du point de vue des employés de pharmacie peut être propice à la durabilité et au succès des programmes d'avortement sans risques.