Contexte: Bien qu'illégal presque partout au Mexique, l'avortement est décriminalisé depuis 2007 dans la ville de Mexico, ainsi devenue îlot d'accès légal dans un océan sinon sujet à restriction. Les caractéristiques des femmes qui viennent se faire avorter à Mexico — notamment leur situation socioéconomique et leur lieu de résidence — ne sont pas bien documentées.
Méthodes: Les dossiers médicaux de 22 732 femmes venues se faire avorter dans l'une de quatre cliniques de niveau 1 de la ville de Mexico en 2013–2015 ont servi à examiner les caractéristiques des clientes de l'avortement légal. Les différences entre les résidentes de Mexico et celles venues d'autres régions du Mexique ont été étudiées par analyses de régression linéaire, avec l'éducation comme indicateur de situation socioéconomique. Pour parer aux différences géographiques de structure démographique, le niveau d'éducation des femmes a été normalisé dans certains modèles.
Résultats: La plupart des femmes venues se faire avorter étaient originaires de la ville de Mexico (66%) ou de sa périphérie (22%); les autres venaient des États voisins proches (7%) ou du reste du Mexique (5%). Celles en provenance du reste du Mexique avaient, en moyenne, 1,4 année d'éducation de plus que leurs homologues originaires de la ville de Mexico. Dans les modèles de régression à niveaux d'éducation normalisés, la différence de durée de scolarité entre les femmes de Mexico et celles du reste du Mexique est de 4,9 années (modèle non corrigé) et de 3,2 années (modèle corrigé).
Conclusions: Ces observations, unies à celles de la documentation sur l'avortement non médicalisé au Mexique, laissent entendre que les femmes qui ne vivent pas à Mexico et dont le niveau d'éducation est faible sont peut-être moins susceptibles que leurs homologues davantage instruites de bénéficier des services d'avortement médicalisé assurés dans la ville.