Contexte: En 2006, la Cour constitutionnelle de Colombie a rendu une décision décriminalisant l'avortement dans une large mesure. L'avortement clandestin persiste cependant. Il pourrait être utile, pour améliorer l'accès aux services légaux, de comprendre les obstacles qui poussent les femmes à recourir à l'avortement clandestin non médicalisé.
Méthodes: En 2014, des entretiens en profondeur ont été menés avec 17 femmes âgées de 18 ans ou plus ayant obtenu un avortement légal au cours des 12 derniers mois à Bogota (Colombie), dans le but d'identifier les obstacles à l'accès à l'avortement et d'en élucider les effets sur la décision des femmes concernant l'avortement. Les transcriptions de ces entretiens ont été codées et analysées selon les techniques standard d’établissement des tendances, parallèles et différences. Une approche phénoménologique a guidé l'analyse thématique.
Résultats: Les obstacles ayant trait à la connaissance et à l'information, de même que ceux de nature logistique, affective, financière, culturelle et religieuse, aboutissent à des retards d'obtention de services d'avortement complets. La religion influence la stigmatisation sociale, manifestée le plus intensément dans le comportement obstructif des prestataires de soins de santé et des compagnies d'assurance-maladie. Le manque de compréhension des lois actuelles sur l'avortement et l'objection de conscience est évident chez les patientes, les prestataires de santé et les assureurs.
Conclusion: La diffusion d'une information exacte concernant la disponibilité de l'avortement clinique légal est nécessaire. Une meilleure formation peut aider les médecins, le personnel infirmier et les compagnies d'assurance à comprendre leurs rôles et responsabilités légales dans les soins d'avortement et réduire les retards d'accès des femmes aux services.