Contexte: D'après les données d'Enquête démographique et de santé (EDS), les femmes hautement instruites des milieux urbains de certains pays d'Afrique de l'Ouest présentent simultanément de faibles taux de pratique contraceptive et de fécondité—laissant entendre que l'EDS ne capture peut-être pas une image complète des pratiques contraceptives adoptées par les femmes.
Méthodes: Des entretiens individuels en profondeur et des discussions de groupe focalisées ont été menés à Accra (Ghana) avec un total de 48 femmes âgées de 18 à 49 ans et dotées pour le moins d'une éducation secondaire, afin d'explorer leur vie et leurs relations reproductives ainsi que leur perception et pratique des stratégies de contrôle des naissances. Les données ont été analysées par techniques thématiques itératives.
Résultats: Beaucoup de femmes ont déclaré pratiquer une combinaison de méthodes contraceptives, y compris «compter les jours» (à l'aide d'un calendrier, d'après la date de leurs dernières règles, pour estimer les jours «à risque»—où le risque de concevoir est élevé), le retrait, le préservatif et le recours fréquent à la pilule contraceptive d'urgence. Les femmes qualifient leur pratique de «contraception périodique»: par exemple, en comptant les jours pour déterminer ceux à risque et en pratiquant une contraception ad hoc ces jours-là. Les combinaisons d'utilisation de méthodes varient de cycle en cycle, formant une «mosaïque» de combinaisons au fil du temps.
Conclusions: Les stratégies de contrôle de la fécondité souvent déclarées par les répondantes à l'étude—contraception périodique et recours fréquent aux méthodes traditionnelles et à la pilule contraceptive d'urgence—ne sont probablement pas bien cernées dans les enquêtes générales telles que l'EDS. Ces enquêtes ne conviennent pas bien non plus à la mesure des combinaisons de méthodes et des mosaïques formées par ces combinaisons. De nouveaux modes de capture des pratiques de contrôle des naissances adoptées par les femmes doivent être envisagés, sous la forme de questions d'enquête supplémentaires, de nouveaux modules de questions et d'études spécialisées.