Contexte
Étant donné la persistance de la morbidité et de la mortalité maternelles entourant l'avortement non médicalisé, en Afrique surtout, le besoin de comprendre le processus décisionnel de l'avortement est impérieux. On en sait cependant peu sur l'influence des hommes et leur implication dans la décision des femmes d'avorter et leur recherche de soins.
Méthodes
Une étude qualitative a été effectuée dans les locaux du plus grand prestataire public de soins liés à l'avortement en Zambie. L'étude a procédé par analyse de cadre thématique pour catégoriser et synthétiser les données d'entretiens en profondeur menés en 2013 avec 71 femmes qui avaient obtenu un avortement médicalisé et 41 ayant reçu des soins suite à un avortement incomplet (non médicalisé).
Résultats
La décision d'obtenir un avortement, médicalisé ou non, est influencée par les hommes. Leurs actes, leur inaction et leurs actes anticipés—négatifs comme positifs—sont le reflet de plus vastes inégalités de genre. L'abandon par les hommes, de même que le désir d'éviter de révéler une grossesse aux hommes de peur de leur réaction ou ingérence, influencent fortement la décision prise par certaines femmes de se faire avorter, le secret et l'urgence de l'obtention de l'avortement et le niveau de risque assumé. D'autres femmes décrivent cependant l'influence positive des hommes sur leur recherche de soins suite à un avortement. Dans ce contexte de faible sensibilisation à la légalité et à la disponibilité de l'avortement, certains hommes utilisent leurs plus grandes ressources sociales et économiques pour faciliter l'avortement médicalisé, par l'apport d'information et l'acquittement du coût des soins.
Conclusion
La connaissance accrue de la légalité et de la disponibilité de l'avortement médicalisé est vitale, non seulement parmi les femmes sexuellement actives, mais aussi parmi les personnes à qui elles se confient, y compris les hommes.