Contexte: L'ambivalence et l'indifférence vis-à-vis de la grossesse semblent associées à l'absence de pratique contraceptive. Leur conceptualisation et leur mesure varient cependant et le rapport avec la pratique contraceptive dans les pays en développement n'est pas bien compris.
Méthodes: Les données du programme de recherche Umoyo wa Thanzi dans les milieux ruraux de Lilongwe (Malawi) ont servi à classifier le désir de grossesse de 592 femmes âgées de 15 à 39 ans comme étant anti-natal, pro-natal, ambivalent ou indifférent, suivant leur désir de concevoir aussi bien que d'éviter une grossesse. Le rapport entre les quatre catégories de désir de grossesse et l'usage de contraceptifs modernes a été évalué par régression logistique.
Résultats: Dans l'ensemble, 12% des femmes ont été classifiées comme ambivalentes, 32% comme indifférentes, 44% comme anti-natales et 12% comme pro-natales. Dans l'analyse de régression logistique, la cote de la pratique contraceptive parmi les femmes présentant un désir de grossesse indifférent (soit celles présentant à la fois un désir de ne pas éviter de grossesse et un désir de ne pas concevoir) représente deux fois celle des femmes présentant un désir pro-natal (RC, 2,2) et est similaire à celle des femmes présentant un désir anti-natal (2,7). Par contre, cette cote parmi les femmes présentant un désir ambivalent (ayant à la fois un désir d'éviter une grossesse et un désir de concevoir) ne diffère pas de celle des femmes présentant un désir pro-natal.
Conclusions: Les désirs de grossesse ambivalents et indifférents sont courants au Malawi et sont associés de différentes manières à la pratique contraceptive moderne. Comprendre la nature complexe des désirs de grossesse pourrait être utile à l'amélioration des programmes de planification familiale.