Contexte
Bien que la mutilation génitale féminine (MGF) soit illégale en Égypte et malgré des taux en baisse, la médicalisation de la pratique est, elle, en hausse. Les raisons pour lesquelles certaines mères préfèrent confier les interventions de MGF à des professionnels de la santé et la mesure dans laquelle ces professionnels peuvent influencer les décisions relatives à la pratique ne sont cependant guère documentées.
Méthodes
Les données collectées en 2014 sur la base d'une enquête auprès de 410 femmes mères de fillettes et d'entretiens en profondeur avec 29 de ces femmes ont permis d'examiner le rôle des consultations avec des professionnels de la santé dans les décisions maternelles relatives à la MGF. Les femmes ont été interrogées sur leur expérience, leurs perceptions, leur connaissance et leurs intentions concernant la MGF, ainsi que sur leurs échanges avec un personnel médical. Une approche de codage ouvert a été adoptée pour l'analyse des données qualitatives, tandis que la régression multivariée servait à identifier les corrélats d'intention de consultation d'un médecin et de connaissance du statut illégal de la MGF.
Résultats
Les professionnels de la santé se sont avérés les principaux prestataires de la MGF aux participantes à l'étude. Les mères voulaient obtenir la procédure d'un médecin afin d'en limiter les risques perçus. Environ un tiers des mères entendaient consulter un médecin concernant leur décision de soumettre ou non leurs filles à l'intervention. Les femmes déclarent que les médecins effectuent un examen physique et recommandent ensuite l'excision des filles, la non excision ou un nouvel examen dans le futur. La plupart des répondantes expriment faire largement confiance aux médecins.
Conclusion
Étant donné que les femmes semblent valoriser leurs opinions, les médecins pourraient contribuer à l'abandon de la MGF s'ils se prononçaient systématiquement à son encontre. L'interdiction de la MGF restera vraisemblablement peu efficace en l'absence d'un changement social plus large.