Contexte
En 2006, le Tribunal constitutionnel de Colombie a décriminalisé partiellement l’avortement. Des obstacles d’accès, notamment l’invocation abusive de l’objection de conscience, persistent cependant.
Méthodes
Afin d’explorer l’objection de conscience dans la perspective des intéressés, des entretiens en profondeur ont été menés en 2014 avec 13 informateurs clés et 15 médecins colombiens qui s’étaient dits objecteurs de conscience. Le recrutement a été effectué selon les techniques d’échantillonnage en boule de neige et par choix raisonné. Parallèlement à la collecte de données, l’analyse s’est concentrée sur les attitudes, croyances et comportements des objecteurs concernant l’avortement et l’orientation vers un prestataire.
Résultats
Différentes perspectives expliquent la position des objecteurs. Trois grands types d’objection se sont révélés: absolue, modérée et partielle. Les objecteurs absolus refusent toute pratique de l’avortement ou orientation afférente, faisant souvent la leçon à leurs patientes; ils fournissent aussi une information médicale et légale trompeuse ou fausse, empêchant les femmes d’accéder aux procédures d’avortement auxquelles elles ont légalement droit. Les objecteurs modérés refusent de pratiquer l’avortement mais ils respectent leurs patientes et voient dans leur orientation vers un prestataire un moyen de «sauver une vie sur deux». Les objecteurs partiels pratiquent certains avortements mais en refusent d’autres en fonction de l’âge gestationnel ou de circonstances considérées au cas par cas. Dans les trois types, les objecteurs lient l’objection de conscience à l’éthique médicale. Beaucoup parlent d’une obligation de protection du fœtus, qu’ils conceptualisent tel un patient.
Conclusion
Les objecteurs de conscience présentent des opinions et des comportements divers. Les points potentiels de recherche future comprennent l’identification des facteurs qui amènent les objecteurs à l’orientation vers un prestataire et l’estimation de la prévalence de chaque type d’objecteur. Les résultats laissent entendre de potentielles interventions aptes à réduire le rôle de l’objection de conscience parmi les obstacles aux soins.