Contexte
L’inégalité des sexes est depuis longtemps reconnue comme alimentant l’épidémie du VIH. Peu d’études ont cependant examiné l’association entre le pouvoir sexiste et le risque de contraction du VIH en Inde, en troisième position sur la liste mondiale d’importance de l’épidémie du VIH.
Méthodes
Les données de population collectées en 2003 auprès de 3 385 couples résidant dans les états d’Uttar Pradesh et de Uttarakhand, dans le nord de l’Inde, ont servi à examiner les associations entre le pouvoir sexiste (autonomie de la femme et attitudes sexistes du mari) et les indicateurs de risque de contraction du VIH des couples (si le mari avait eu des rapports sexuels antérieurs au mariage avec une personne autre que sa femme actuelle, une sexualité extraconjugale durant les 12 derniers mois ou des symptômes d’IST durant les 12 derniers mois). La modélisation par équations structurelles a permis la création de variables composées des mesures de pouvoir sexiste et le test de leurs associations avec les mesures de risque de contraction du VIH.
Résultats
Vingt-quatre pour cent des maris avaient eu des rapports sexuels antérieurs au mariage; 7%, une activité sexuelle extraconjugale pendant les 12 derniers mois et 6%, des symptômes d’IST durant les 12 derniers mois. Les modèles d’équations structurelles indiquent que les femmes faisant état de niveaux d’autonomie supérieurs sont moins susceptibles que les autres d’avoir un mari ayant eu une activité extraconjugale (association directe) ou des symptômes d’IST (association indirecte) durant les 12 derniers mois. De plus, les maris favorables à des normes de genre moins égalitaires se sont révélés plus susceptibles que les autres d’avoir fait état de rapports sexuels antérieurs au mariage, à leur tour associés à la sexualité extraconjugale et aux symptômes d’IST durant les 12 derniers mois.
Conclusions
Si les associations identifiées dans cette étude reflètent un rapport causal entre le pouvoir sexiste et le comportement à risque VIH, les programmes de prévention du VIH qui abordent avec succès la question des rôles sexuels inégaux pourraient réduire les risques de contraction du VIH dans le nord de l’Inde.