Contexte
Au Nigeria, l'IVG n'est autorisée que pour sauver la vie d'une femme. L'avortement non médicalisé est courant et constitue une cause majeure de mortalité maternelle. Les décideurs ne prêtent cependant guère attention au problème.
Méthodes
Des entretiens en profondeur ont été menés en 2008 avec 49 politiciens et responsables nigérians dans le but d'évaluer leur conscience de l'avortement non médicalisé et de son rôle dans la mortalité maternelle, ainsi que de déterminer leurs perceptions des politiques et mesures nécessaires à la résolution du problème.
Résultats
Les participants ne connaissaient guère la législation relative à l'avortement et n'étaient guère informés du nombre d'IVG pratiquées et de celui de décès liés à la procédure. Beaucoup ont cependant parlé de femmes mortes ou presque des suites d'un avortement non médicalisé. Les décideurs se sont révélés guidés par des considérations d'ordre moral et religieux plutôt que par les approches factuelles courantes. Environ un tiers des informateurs estime que l'IVG ne devrait être légale sous aucune circonstance; un cinquième en soutient la libéralisation pour «motifs médicaux» et une proportion comparable estime que l'IVG devrait être légale en cas de viol et d'inceste. Les stratégies recommandées par les répondants pour réduire la mortalité maternelle incluent la facilitation de l'accès à la contraception, l'éducation à la sexualité, l'amélioration du système de soins de santé, l'autonomisation des femmes et l'assurance de soins de grossesse gratuits.
Conclusions
Un effort intense de sensibilisation à la santé publique et de plaidoyer ciblé sur les décideurs est nécessaire si l'on veut accroître la volonté politique de réduire la mortalité liée à l'avortement au Nigeria. Les statistiques relatives à l'avortement non médicalisé et l'apport de témoignages personnels éloquents recevront vraisemblablement leur attention et contribueront à un débat public éclairé sur la réforme de la législation.