Contexte
La violence à l'égard des femmes enceintes est une grave violation des droits de la personne, préjudiciable à la santé de la femme et potentiellement de son fœtus. Peu d'études se sont cependant penchées sur les facteurs associés à cette violence dans les pays en développement et peu reposent sur des données de population.
Méthodes
Un échantillon de 2.553 femmes de 15 à 49 ans ayant jamais été enceintes, en un centre urbain et un milieu rural du Bangladesh, a été interrogé en 2001 dans le cadre d'une étude multinationale de l'OMS. Les facteurs associés à la violence conjugale physique faite aux femmes en cours de grossesse sont examinés par analyse de régression logistique multiniveaux.
Résultats
Les femmes des milieux urbains et ruraux dont la mère ou la belle-mère avait subi la violence physique de son mari risquaient davantage d'être elles-mêmes violentées en cours de grossesse (rapport de probabilités, 2,1–3,4). La communication conjugale accrue s'est révélée négativement associée à l'issue dans les deux contextes (0,6 et 0,7). Parmi les femmes des milieux urbains, avoir plus de 19 ans, avoir un mari scolarisé pendant plus de 10 ans et appartenir à certains quartiles de revenu supérieur présentent une association négative avec la violence (0,2–0,5), par rapport à une association positive (1,1) pour la vie dans une communauté fort affectée par la criminalité. En milieu rural, pouvoir dépendre du soutien de sa famille natale en cas de crise est un facteur négativement associé à la violence (0,5), contrairement au mariage avec dot et à l'appartenance à la communauté musulmane (association positive de 1,8 et 3,6, respectivement).
Conclusions
Le message que les antécédents familiaux de violence conjugale accroissent le risque pour une fille de la subir elle aussi doit être largement disséminé. Une recherche approfondie est nécessaire pour déterminer si une meilleure communication conjugale réduit la probabilité de la violence ou si l'absence de violence mène à une meilleure communication des couples.