Contexte
La violence par un partenaire intime est associée à plusieurs problèmes de santé reproductive et mentale. Le rapport entre cette violence et l'aptitude des femmes à maîtriser leur fécondité n'a toutefois guère été examiné, surtout dans les pays en développement.
Méthodes
Les données de l'Enquête démographique et de santé 2000 de la Colombie ont servi à l'étude, par régressions logistiques multivariées, du rapport entre la violence par un partenaire intime et la grossesse non planifiée, utilisée comme mesure de contrôle de la fécondité. Les différences régionales de ce rapport ont également été examinées, et la fraction étiologique du risque a été estimée. L'échantillon comptait 3.431 femmes mariées ou l'ayant jamais été, âgées de 15 à 49 ans et qui avaient accouché durant les cinq dernières années ou qui étaient enceintes.
Résultats
Cinquante-cinq pour cent des répondantes avaient eu au moins une grossesse non planifiée et 38% avaient subi les violences physiques ou sexuelles de leur partenaire actuel ou de leur dernier partenaire. La probabilité corrigée pour les femmes d'avoir eu une grossesse non planifiée était significativement supérieure si elles avaient été victimes de violences physiques ou sexuelles (rapport de probabilités, 1,4). Observée dans les régions atlantique et centrale (1,7 chacune), l'association ne s'est pas révélée significative dans le reste du pays. L'élimination de la violence par un partenaire intime en Colombie donnerait lieu à une réduction annuelle des grossesses non planifiées estimée entre 32.523 et 44.986.
Conclusions
Ces observations révèlent la nécessité d'inclure le dépistage et le traitement de la violence par un partenaire intime dans les programmes de santé reproductive, d'encourager la participation des hommes aux programmes de contrôle de la fécondité et d'améliorer la réponse sociopolitique à la violence par un partenaire intime.