Contexte
Les résultats d'une analyse des données de l'Enquête démographique et de santé (EDS) de 1998 du Kenya, où le taux d'approbation de la planification familiale atteint 90%, remettent en question l'hypothèse selon laquelle la discussion entre époux améliore la connaissance de l'attitude du conjoint à l'égard du planning familial. On ignore toutefois si cette observation s'applique aussi aux contextes plus typiques d'Afrique subsaharienne, où les taux d'approbation ne sont pas aussi élevés.
Méthodes
Les données EDS de 21 pays d'Afrique subsaharienne ont servi à évaluer le rapport entre la discussion conjugale et la déclaration correcte de l'attitude du partenaire vis-à-vis du planning familial. Les données du Tchad ont été soumises à des analyses multivariées afin d'examiner plus avant ce rapport dans un contexte caractérisé par la faible approbation de la contraception.
Résultats
Dans chaque pays, la proportion de femmes ayant déclaré, correctement, que leur époux n'approuvait pas la contraception s'est avérée moindre parmi celles qui avaient parlé du planning familial avec leur conjoint que parmi celles qui n'avaient jamais abordé la question. Cependant, dans une analyse des données tchadiennes incluant les femmes ayant répondu qu'elles ne savaient pas, les proportions de celles ayant correctement rapporté l'attitude de leur mari étaient supérieures si la discussion avait eu lieu, indépendamment de l'approbation effective ou non du mari. Dans les analyses multivariées des données tchadiennes tenant compte des caractéristiques démographiques des femmes, la discussion s'est avérée positivement associée à la déclaration correcte de l'approbation du conjoint, mais négativement associée à la déclaration correcte de sa désapprobation.
Conclusions
La discussion avec le partenaire ne mène pas nécessairement à une meilleure connaissance de l'attitude de ce dernier à l'égard de la contraception. Les réductions anticipées du besoin de contraception non satisfait à travers l'amélioration de la discussion conjugale risquent dès lors d'être exagérées.