Contexte
Dès lors qu'ils se produisent dans un contexte social, les phénomènes démographiques devaient être étudiés tels des processus sociaux. La conceptualisation et la mesure des environnements sociaux dans lesquels les personnes évoluent alimentent cependant le débat.
Méthodes
Les données d'une étude menée au Mali en 1996-1997 servent à explorer les réseaux sociaux des femmes bamanan et l'impact de ces réseaux sur les décisions de fécondité. Les techniques des moindres carrés et de régression logistique permettent d'examiner le rapport entre certaines caractéristiques de ménage et de réseau social et deux mesures de fécondité: enfants nés et pratique de la contraception.
Résultats
Les caractéristiques de ménage ne produisent d'effet significatif sur aucune des deux issues, contrairement aux attributs de réseau. Plus la parenté conjugale est représentée dans un réseau, moins la femme avait jamais eu d'enfants. La fécondité s'accroît toutefois si le mari ou des femmes plus âgées sans relation de parenté font partie du réseau. L'usage, actuel ou passé, de la contraception est élevé si la femme participe à un système de crédit; il s'accroît proportionnellement au nombre de membres du réseau extérieurs au village. Il diminue nettement lorsque la proportion de membres du réseau faisant partie de la parenté conjugale augmente, et est significativement élevé si la mère de la femme est présente. Les effets du réseau sur la fécondité sont beaucoup plus prononcés pour les femmes âgées de 30 ans et plus que pour leurs cadettes. Sur la contraception, ils diffèrent nettement suivant l'âge des femmes.
Conclusions
Outre les caractéristiques individuelles et de ménage des femmes, les programmes devraient considérer leur réseau social plus large. Ils devraient du reste être conçus en fonction de groupes d'âge spécifiques, étant donné les effets distincts du réseau selon que les femmes sont plus ou moins âgées.