Contexte
L'usage du préservatif reste faible en Côte d'Ivoire, en dépit d'une prévalence en hausse du VIH et d'une conscience étendue de la manière dont le virus se transmet. Les caractéristiques prédictives de l'usage du préservatif doivent être documentées, de même que le rôle joué dans cet usage par la connaissance du SIDA et les différences entre les hommes et les femmes.
Méthodes
Les données de l'Enquête démographique et de santé de 1994 de la Côte d'Ivoire ont été analysées pour les répondants qui avaient eu des rapports sexuels durant les deux mois précédant l'enquête. Des régressions logistiques ont été effectuées séparément, par sexe, afin de déterminer si la justesse de la connaissance des hommes et des femmes à l'égard du SIDA laissait prédire l'usage du préservatif lors de leurs derniers rapports sexuels.
Résultats
La justesse de la connaissance relative au SIDA ne s'est pas révélée significativement prédictive de l'usage du préservatif. Pour les répondants de sexe masculin, la cote d'usage du préservatif lors des derniers rapports sexuels était significativement inférieure parmi ceux âgés de 35 ans et plus, par rapport à la tranche de 15 à 19 ans (rapports de cotes de 0,3 à 0,5). La cote était également inférieure parmi les hommes mariés (0,4) et parmi ceux ayant déclaré leurs amis, parents ou voisins comme seule source de leur connaissance relative au SIDA (0,5). Par rapport aux hommes non scolarisés, ceux dotés d'une éducation secondaire ou supérieure étaient significativement plus susceptibles de déclarer l'usage du préservatif (1,7). Côté femmes, celles âgées de 25 ans et plus atteignaient des cotes d'usage du préservatif lors des derniers rapports sexuels significativement inférieures à celles de la tranche de 15 à 19 ans (0,2 à 0,6). Les cotes d'usage étaient significativement moindres parmi les femmes mariées (0,2) et parmi celles dont la source d'information sur le SIDA était la famille, les amis ou voisins ou la télévision et la radio (0,3 et 0,6). Elles étaient toutefois significativement supérieures chez les femmes instruites au niveau secondaire ou supérieur (2,2), par rapport à celles non scolarisées.
Conclusions
La justesse de la connaissance du SIDA n'a pas permis de prédire la probabilité de l'usage récent du préser- vatif dans l'échantillon à l'étude. Les efforts d'accroissement des niveaux d'éducation en Côte d'Ivoire pourraient faire croître plus efficacement l'usage du préservatif qu'une concentration sur l'amélioration de la justesse de la connaissance du SIDA.