Contexte
En Côte d'Ivoire, où la prévalence contraceptive est faible, l'avortement semble jouer un rôle important dans le déclin actuel de la fécondité. Les données relatives à l'avortement, illicite dans le pays, sont toutefois rares.
Méthodes
Une enquête rétrospective sur l'avortement et les pratiques contraceptives a été menée en 1998 parmi 2.400 femmes fréquentant quatre centres de santé générale à Abidjan. Les effets indépendants des variables sociodémographiques sur la probabilité pour une femme d'adopter l'un de trois comportements de limitation des naissances plutôt que de ne rien y faire sont analysés par régression logistique multinomiale.
Résultats
Quarante pour cent des femmes ont déclaré limiter leur fécondité par le recours à la contraception seule; 30%, par le recours à la contraception et à l'avortement, et 3%, par le recours à l'avortement seul. Environ 27% ne faisaient rien pour limiter leur fécondité. Les musulmanes présentaient invariablement une probabilité inférieure, par rapport aux chrétiennes, d'adopter l'un quelconque des trois comportements plutôt que de ne rien faire (rapports de probabilités de 0,2 à 0,5). Le célibat et les niveaux d'éducation plus élevés sont associés à une probabilité significativement élevée d'adoption de chacun des trois comportements (1,4 à 33,8). Enfin, la probabilité de recours à l'avortement seul s'est révélée significativement plus élevée parmi les femmes de moins de 25 ans, par rapport à celles de 25 à 34 ans (2,0).
Conclusions
Le rapport entre avortement et contraception est extrêmement complexe. Si les circonstances forcent souvent les femmes à recourir à l'avortement plutôt qu'à la contraception, l'avortement peut aussi stimuler un recours à la contraception.