Contexte
Les déterminants culturels du choix contraceptif font rarement l'objet de mesures adéquates et leurs mécanismes d'influence sur les comportements individuels sont souvent mal compris.
Méthodes
Les données d'une enquête-ménage menée en 1994 dans 51 villages de Nang Rong, un district rural du nord-est thaïlandais, et celles d'une enquête-village menée dans tous les villages du district ont servi à examiner les effets des réseaux de parenté sur le choix contraceptif des femmes et les mécanismes par lesquels ces réseaux affectent ce choix. Une analyse de régression multinomiale a été menée sur un échantillon de 1.563 femmes non enceintes et non stérilisées âgées de 18 à 35 ans et mariées pendant 10 ans ou moins, et les effets de différents nombres et types de parenté sur les niveaux de pratique contraceptive ont été illustrés par microsimulation.
Résultats
Les liens de parenté étendue affectent les choix contraceptifs. Plus les liens de parenté externe des ménages sont nombreux, plus les femmes de ces ménages sont susceptibles de pratiquer une forme moderne de contraception réversible. Si, par exemple, aucun ménage n'avait de liens de parenté avec les autres ménages de leur village, 35% des femmes pratiqueraient la méthode injectable, et 33% ne pratiqueraient pas la contraception. En revanche, si tous les ménages avaient cinq liens de parenté étendue avec d'autres ménages du village, 41% des femmes auraient recours aux injectables, et 25% ne pratiqueraient aucune méthode. Les liens de parenté étendue extérieurs au village affectent aussi la pratique contraceptive. Ainsi, si tous les ménages n'avaient que deux liens de parenté étendue en dehors du village, 28% des femmes prendraient la pilule, 36% auraient recours aux injectables et 33% ne pratiqueraient aucune méthode. Si, par contre, tous les ménages avaient huit liens de parenté extérieurs, 33% utiliseraient la pilule, 38%, les injectables, et 27% ne pratiqueraient aucune méthode. Les structures villageoises de parenté étendue entrent aussi en jeu dans le choix de la contraception. Si tous les villages présentaient, en moyenne, un seul lien de parenté externe au village par ménage, 23% des femmes choisiraient la pilule, 26%, les injectables, et 43% ne pratiqueraient aucune méthode, par rapport à 31%, 38% et 28%, respectivement, si la moyenne, pour tous les villages, était de trois liens de parenté extérieurs par ménage.
Conclusions
Les liens de parenté, au niveau des ménages comme à celui des villages, affectent les choix contraceptifs. Les responsables politiques et planificateurs de programme doivent tenir compte des effets des structures migratoires et des réseaux de parenté étendue qui en résultent sur la sensibilisation aux formes modernes de contraception et sur leur acceptation.