Contexte: Un grand défi des années 1990 aura porté sur l'accroissement de l'acceptation du planning familial dans les populations difficilement accessibles. Les populations mayas du Guatemala présentent un retard flagrant, par rapport au groupe ethnique principal du pays, en termes d'indicateurs de santé et de pratique contraceptive.
Méthodes: Un projet d'intervention a été mené en 1993-1996 dans le département principalement maya d'El Quiché, en vue d'y accroître la connaissance et la pratique de la contraception, ainsi que d'y améliorer les attitudes à l'égard de l'espacement des naissances. L'effet de l'intervention a été évalué sur la base de données de programme (statistiques de services de routine du principal organisme de planning familial) et de données démographiques (une enquête de référence et une de suivi menées, en 1992 et 1996, dans huit municipalités).
Résultats: La connaissance d'au moins une méthode contraceptive et les attitudes positives à l'égard de l'espacement des naissances ont enregistré une hausse spectaculaire, parmi les répondantes, entre les deux enquêtes. Ainsi, 42% seulement des femmes mayas de l'échantillon de référence de 1992 connaissaient une méthode moderne, par rapport à 95% de celles interviewées au suivi de 1996. Mieux encore, la proportion de répondantes favorables à l'espacement des naissances avait plus que doublé, de 43% en 1992 à 88% en 1996. La pratique courante de la contraception avait également augmenté, de 5% à 18%, pendant la période intermédiaire aux deux enquêtes. Le nombre de promoteurs bénévoles, capables d'accéder aux femmes mayas-quichés des milieux ruraux isolés, avait nettement augmenté, de 79 en 1993 à 144 en 1995. Le modèle de l'étude ne pouvait exclure les facteurs confondants. La régression logistique a toutefois révélé que les variables de programme (contact avec APROFAM et exposition aux messages médiatiques d'espacement des naissances) et l'expérience antérieure (grossesse survenue à un moment inopportun) étaient d'importants prédicteurs de pratique contraceptive, après contrôle des facteurs socio-démographiques.
Conclusions: L'accroissement de trois points de pourcentage de la prévalence contraceptive parmi les femmes mayas du Guatemala enregistré durant l'intervention démontre la possibilité d'accélération de la vitesse d'adoption de la contraception dans cette population difficile d'accès. Le processus requiert cependant un apport de ressources et un engagement à long terme de la part des administrateurs du programme et des organismes donateurs.